Des atouts considérables

12 mars 2015

Face aux nouveaux enjeux de consommation, les états généraux du commerce ont permis d’échanger sur le centre-ville et sur le commerce connecté. Sens des réalités et optimisme au rendez-vous.

Appelons ça l’effet George Clooney, du nom du porte-étendard de la marque Nespresso, dont le portrait trône d’ailleurs ostensiblement en vitrine rue des Clercs, comme si l’acteur superstar s’apprêtait à accoster les passants (et les passantes) pour leur proposer un café. Alors même que la boutique n’avait pas encore ouvert ses portes, une enquête menée le samedi 18 octobre et le samedi 29 novembre dans les rues du plateau piétonnier auprès de 911 personnes indique déjà l’importance de Nespresso pour l’attractivité commerciale de Metz. « Le centre-ville, égrène l’universitaire Mathias Boquet, pilote de cette étude réalisée pour Metz Métropole Développement, ce sont des commerces de proximité, des services en agence, de l’alimentation spécialisée, des boutiques indépendantes. Ce sont aussi des marques, et Nespresso a très souvent été cité par les personnes interrogées. »

Les résultats de l’enquête ont été dévoilés en ouverture des états généraux du commerce, septièmes du genre, organisés le lundi 2 mars à l’Arsenal. Ils établissent une sorte de pedigree du visiteur arpentant les artères commerçantes du centre-ville le samedi : 40 ans de moyenne d’âge ; cadre dans 22 % des cas, étudiant dans 21 % des cas. On apprend que 11 % des passants seulement sont accompagnés d’enfants, que 63 % viennent déjà au moins une fois dans la semaine, et que les personnes travaillant en centre-ville ou à proximité représentent un quart des visiteurs. « La clientèle du centre-ville est une clientèle fidèle », analyse Mathias Boquet. La durée moyenne d’une visite est d’une heure quarante-cinq, pour les motifs suivants : achats (38 %), promenade (31 %), achats alimentaires (22 %), restauration (20 %). Mais 18 % des visiteurs venus pour une autre raison effectuent quand même un achat, et 22 % vont au restaurant en plus d’accomplir l’activité prévue.

« Un papillon »

Spécialiste des questions liées au commerce en ville, professeur à l’Université de Bourgogne, Marc Filser livre quelques indications qui ne laissent assurément pas le public messin indifférent : « La facteur touristique est un élément de dynamisation majeur du commerce. » Il évoque Primark, magasin de vêtements qui s’installera à Muse, face au Centre Pompidou-Metz, fin 2017 : « Dès sa première année en France, Primark a vendu en un an autant que La Redoute ! » « Le consommateur est un papillon, résume-t-il, il aime bien les choses nouvelles, il veut être stimulé. Metz a des atouts considérables : les deux enseignes nationales de grands magasins (Printemps et Galeries Lafayette), des enseignes spécialisées puissantes, une réelle complémentarité entre chaînes et indépendants, et une accessibilité remarquable grâce à l’échangeur autoroutier et à Mettis qui dessert l’entrée du plateau piétonnier. »

Parmi les informations délivrées par Marc Filser, celle-ci : « Pour la première fois, en 2014, en France, moins de 50 % des achats effectués sur internet ont été livrés à domicile. Le retrait en magasin ou dans des points de retrait comme La Poste est majoritaire ! » Transition toute trouvée vers le deuxième sujet abordé lors de ces états généraux : le e-commerce, ou commerce connecté. 300 sociétés le pratiquent sur Metz et son agglomération. Tout en soulignant que 62 % des internautes effectuent des achats sur internet, Xavière Tallent, conseillère en stratégie numérique, rappelle que si le web n’empêche ni l’information, ni la transaction, en revanche « l’émotion » reste l’apanage du point de vente. La preuve par l’exemple messin avec Jean-Michel Gsell, des magasins de maroquinerie du même nom. Sa société s’est lancée sur internet en 1999, créant son premier site marchand l’année suivante. « Depuis, dit-il, nous avons ouvert deux magasins grâce aux bénéfices générés par le site. Internet aide clairement à la vente en magasin. Si nous n’étions pas allés sur le web, nous ne nous serions pas autant développés… » CQFD…