Du Bon Poison dans les chopes

20 mai 2015

À cent mètres de l'ancienne brasserie Amos, une bière artisanale s'apprête à sortir des cuves, dès cet été. Rencontre avec Quentin Decornet, l'auteur du Bon Poison.

Les recettes sont prêtes, il ne manque plus que les locaux pour que Quentin Decornet donne vie à son projet rue du XXe Corps Américain. «Metz est une ville qui bouge, j'y habite depuis quatre ans avec mon épouse. L'attrait du quartier Nouvelle Ville et le fait que la rue du XXe Corps Américain soit un lieu de passage constituaient une aubaine à ne manquer pour s'implanter» précise Quentin. S'il brassera seul, c'est en compagnie de son frère et «d'amis de passage» que Quentin conçoit sa micro-brasserie. «Nous avons repris les locaux d'un ancien restaurant chinois. À la fin des travaux, nous aurons une cave, deux espaces de stockage, une salle de brassage ainsi qu'une salle de dégustation pour l'accueil des clients" indique-t-il avec l'enthousiasme de ses 30 ans.

Une traversée européenne

Sorti d'une école de commerce à Rennes en 2004, c'est en allant étudier en Angleterre dans le cadre du programme ERASMUS* que Quentin Decornet découvre les micro-brasseries, des lieux où l'on fabrique de la bière. "Là-bas les micro-brasseries sont un mode de vie, on peut y consommer au quotidien sa bière préférée tout en la retrouvant chez son épicier de quartier." Un phénomène que Quentin compte désormais développer à Metz mais aussi à Lyon.

C'est ensuite de manière autodidacte - via internet - qu'il apprend à brasser sa propre bière pour la distribuer en Slovaquie. En revenant en France il y a six ans, Quentin commence à produire sa bière en kit, puis en grain. Il décide enfin de parfaire son talent de brasseur à l’Institut de brasserie et de distillerie à Londres.

Actuel chef de projet dans la recherche médical à Nancy, le jeune brasseur espère à terme consacrer l'ensemble de son temps à promouvoir sa bière messine, tout en éduquant les consommateurs par des dégustations ou des cours de brassage.

La marque Bon Poison est née d'une rencontre anodine. C'est en sortant de la cave à bière "La Capsule" à Nancy que Quentin Decornet, transportant un carton de son précieux breuvage, est interpellé par trois vagabonds : " Hé, tu nous échanges ton Bon Poison contre le nôtre ? " L'expression était trop belle, les inconnus venaient de contribuer à la création de l'enseigne de la micro-brasserie messine.

Pour faire opérer la magie de sa micro-brasserie à Metz, Quentin Decornet compte s'inspirer des pratiques anglaises et américaines en jouant sur l'arôme des houblons, tout en respectant le Reinheitsgebot*. Ainsi la Bon-Poison proposera quatre types de bières : "Une blonde classique, facile à boire au léger parfum floral et d'agrumes, une ambrée à l'amertume marquée et l'arôme prononcé des houblons anglais, une brune aux notes de caramel et une noire, légère au palais, aux notes de caramel et de café. Des bières de saison seront aussi proposées et pourquoi pas une bière à la mirabelle" confie le jeune brasseur messin.

Un financement participatif à succès

En complément d'un apport personnel de 90 %, le projet est aussi financé par des internautes. En deux semaines l'objectif fixé de 5 500 € a été atteint grâce notamment à la contribution de 80 % de Lorrains à hauteur de 45 € de donation en moyenne par personne. «Le financement participatif nous a d'ores et déjà permis de nous procurer un moulin à malt et une laveuse de fût. L'objectif maintenant est d'atteindre 150 % de l'objectif initial avant le 11 mai, afin de faire face aux imprévus des travaux et d'arranger un point de vente décent.» espère Quentin.

* ERASMUS : programme d'échange d'étudiants et d'enseignants entre les universités et les grandes écoles européennes.

* Reinheitsgebot : Décret allemand sur la pureté de la bière datant de 1516, précisant que les seuls ingrédients autorisés pour le brassage sont l'eau, la levure, le houblon et l'orge.